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VISIONS DE L’INDE

Il daigne entrer en conversation. Il a la bouche pleine de sa maladie, et, quoique traînant un pied énorme dans une pantoufle déchirée, il ne se lasse pas de gravir des monuments, il veut avoir tout vu. Sa moustache grise, son sourire de côté, l’exhibition de ses insignes maçonniques, tout dénote l’aventureux, sinon l’aventurier. Naturellement il a parcouru le monde et connaît toute la prostitution éparse dans les deux hémisphères. Aussi apprécie-t-il les Françaises, non sans insolence. Elles sont, pour lui, les plus élégantes et les plus savantes courtisanes. Son autre préoccupation est de réduire tout ce qu’il voit à une valeur monétaire. Il est d’une magistrale ignorance pour ce qui touche à l’histoire, et, hors sa maladie, rien ne l’intéresse profondément. Nous allons ensemble, le soir, voir l’Etmaddoulah.


On nomme ainsi la tombe d’un aventurier venu de Téhéran. Il s’appelait Ghaias-ud-Din, fut le père de Nur-Jahan, épouse de l’empereur Jahangir et l’aïeul de Muntaz-Mahal, la « Dame du Taj ». Celle-ci voulut le célébrer par un palais d’argent, mais on l’en dissuada, car l’argent était, alors, trop coûteux, et surtout trop « portatif ». Ce chercheur de fortune mérite qu’on esquisse sa physionomie complexe et bien orientale.

Tripoteur et vénal, il n’en était pas moins un