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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/215

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VISIONS DE L’INDE

poète. Il cultivait ses classiques, détestant l’inactivité, et il profita de sa haute situation de vizir pour se faire combler de présents. Il savait garder intact son orgueil tout en se laissant acheter. Par exemple, il n’était point paresseux comme les Hindous au milieu desquels il vivait. Ce voleur tenait très exactement le compte des finances du royaume qu’il pillait à son profit. Jahangir le prisait au point qu’il déclarait que sa société lui était « plus agréable que les drogues enivrantes ». Il sut ne se faire jamais un ennemi, et jamais il ne se mit en colère ; l’amour des belles-lettres, l’avait conduit à une parfaite maîtrise. Il resta courtisan jusqu’à sa dernière heure.

Lorsqu’il fut sur le point de rendre l’âme, son gendre Jahangir lui rendit visite. Nur-Jahan, qui avait accompagné son époux, se pencha sur son père agonisant pour lui demander : « Pouvez-vous reconnaître et voir encore Sa Majesté ? » Ghaias-ud-Din utilisa son dernier soupir pour une dernière flatterie. Il répondit avec à propos en récitant deux vers d’un poëme national :

Même si un aveugle-né avait la chance d’être ici aujourd’hui Il te connaîtrait sûrement à la splendeur de ton front.
Et ceci dit, il mourut.

Nous traversons un jardin dont les fragrances