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VISIONS DE L’INDE

Le moindre coolie, le plus petit colporteur, ont des gestes magnanimes. Ils sentent la beauté sans se l’expliquer. Et ils en vivent comme de l’air et du soleil. »

Alors, je regardai le miracle de marbre avec moins de tristesse… Nous ne savons jamais si nos sentiments d’aujourd’hui ne sont pas de simples superstitions que dédaigneront les peuples futurs et que l’Absolu méconnaîtra…


Je me laissai aller à mes impressions d’artiste et je reléguai un moment mon angoisse humanitaire. Le Dôme majeur s’allongeait dans le ciel, environné des quatre autres dômes, comme un patriarche de ses fils ; les quatre tourelles, qui, à une plus grande distance, cernent l’édifice, en complétaient l’harmonie ; et je longeai la route ombreuse près des bassins. Le portail majestueux s’ouvrait devant moi avec magnificence. J’eus un élan vers l’infini. Je remerciai la Cause mystérieuse de l’Univers qui m’a permis de voir les plus belles choses de la terre et d’en jouir et d’écouter leurs conseils pour que mon âme s’étudie à être belle à son tour. Qu’importe la richesse et même l’amour, s’ils doivent nous lier à un coin misérable du sol, comme un chien à son chenil ? Il faut, pour être grands, prendre conscience de la terre magnifique…