Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
VISIOINS DE L’INDE

Ce n’est pas à l’Asie seulement que nous devons le Taj, mais aussi à la France. Un Italien de Venise, Geronimo Verroneo, prépara les plans et l’estimation ; mais l’artiste français Austin le marqua définitivement de son génie. La race latine, coopérant avec les luxuriances de l’Asie, devait réaliser un inouï spectacle…

Comme ce portique est solennel et charmant ! Comme ces arabesques se courbent bien en guirlandes ou en lyres ! Comme les versets du Coran, qui encadrent cette porte, semblent, avec leurs zigzags eurythmiques, une page de musique résumant en quelques notes l’harmonie secrète qui groupe ces lignes et ces blancheurs !

Je suis moins tourmenté que d’ordinaire par les guides ; je puis, seul, faire le tour du monument, admirer la double terrasse superposée, les mosquées identiques qui flanquent le Taj, la splendeur du gateway, la douceur des jardins, la souplesse des courbes de la Jumma, cette rivière aussi sacrée que le Gange. Je grimpe au sommet d’un des minarets où guette le vertige. Je m’assieds à l’orientale sur le marbre du kiosque supérieur à l’ombre d’une des sveltes colonnettes, sans même la protection d’un parapet…

Voilà l’Inde à mes pieds, l’Inde douce et pauvre en ses habitants, mais large et abondante en sa na-