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VISIONS DE L’INDE

sique, pauvreté et déchéance ! Ils ont accepté leurs malheurs et ils s’y enfoncent. Dans leurs chariots à bœufs, ils défilent lentement à côté de nous, se dérangeant difficilement malgré nos cris.

La plupart dorment. L’un d’eux est vautré sur un taureau, sa tête près du museau de l’animal, les jambes et les bras brinqueballant le long des flancs. Des paysans, avant d’aller au labour, grelottent tout nus devant leur feu, près de leur cahute de boue. Des femmes sur une fontaine, haute et large comme une terrasse, avec leur double cruche sur la tête, leurs cotonnades enroulées autour du corps forment un groupe étincelant. Elles se retournent à peine pour regarder un instant l’étranger et quelques-unes ramènent sur leur bouche leurs fichus jaunes. C’est la paresse universelle. Et l’on s’explique que le mendiant mystique, logique jusqu’au bout, soit traité comme un Dieu.

III

Une ville qui est la suggestion d’un fakir.

Mon arrivée à Fattepur-Kipri est naturellement épiée par la nuée des guides et des tenanciers de bengalows. L’un s’impose, finit par m’entraîner avec lui. Il a la teigne. C’est un descendant de grands

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