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VISIONS DE L’INDE

semble avoir subi le prestige du saint. Celui-ci sut le décider à bâtir dans le voisinage de la caverne, son palais. La belle Rajput dut être pour beaucoup dans le lien qui rassembla ces deux rois de l’Inde, le prince des solitudes et le prince des armées. Elle était lasse sans doute du guerrier qui avait, selon la légende, des bras aussi longs que ceux des singes ; elle dut aimer l’homme mystérieux qui lui parlait de l’au-delà et qui parfois, le soir, quand les ombres semblent sortir de la terre, paraissait vêtu des derniers rayons du couchant, comme d’une pourpre triomphale. Tous deux se comprirent et s’attirèrent… Akbar se désespérait de n’avoir pas de fils. La Rajput lui avait bien donné deux jumeaux, mais ils étaient morts en bas âge. Akbar subit une de ces crises de superstition fréquentes chez les sceptiques.


Il consulte le fakir :

— Quand aurai-je un héritier ?

L’homme du silence hoche la tête comme s’il pouvait lire dans le livre occulte du Destin.

— Je donnerais tout au monde pour qu’un enfant mâle naisse de celle que j’aime.

— Un signe’dangereux, dit le fakir, menace votre union. Les étoiles sont impitoyables.

— Mais, grand saint, vous êtes plus puissant que les étoiles.