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VISIONS DE L’INDE

resse pas, il n’y pense jamais, il y vit sans même la voir. Il est très content, mais il n’a rien à me dire. Son aphasie le reprend tout à coup, il ne trouve plus ses mots ; il insiste pour que je trempe mes lèvres dans un verre de ce vin jaunâtre que les Portugais expédient dans toutes les cures et en tous les monastères de la Péninsule. Ce vin de messe a tourné à l’aigre. Je me lève, étreint de tristesse devant ce brave homme étiolé. Mais ses mains tremblent dans les miennes quand je lui dis adieu. Malgré l’isolement et l’oubli, la religion et la race parlent muettement en nous pour nous réunir. Dans ses yeux éteints, un regard ému brille ; l’âme des ancêtres a vibré.

III

Les singes-citoyens.

Pour la première fois je couche dans un Dak-Bengalow ; c’est l’auberge que le gouvernement aménage lorsque l’importance de la cité ne permet pas à l’initiative individuelle d’installer un hôtel. Mélancolique domicile, divisé en quatre chambres d’inégale grandeur ; le cabinet de toilette, à la mode