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VISIONS DE L’INDE

Autour d’elle, des femmes hindoues se prosternent dans des attitudes hiératiques et spontanées. Fidèles à un culte né à l’aurore déjà vile du monde, ces épouses natives — chastes entre toutes pourtant — dans une aberration inouïe, qui devient presque vénérable, avec une impudeur pleine de modestie, répandent sur le lingham de Shiva, symbole brutal de la génération, du mâle, du spasme d’où l’âme jaillit, — leur chevelure huilée, les fleurs magiques de l’Inde, le beurre clarifié, l’eau du Gange et leurs baisers !…


IV

Le lit de souffrance et de volupté.

Dans une des venelles de ce temple de Kali, aux dédales innombrables, une main décharnée se tendit vers une des jeunes filles que les consuls avaient entraînées loin de la cérémonie immonde. Elle recula surprise.

Un indigène dont l’âge restait incertain — car il était impossible de dire si ses cheveux et sa barbe étaient gris vraiment ou si la cendre répandue sur tout son corps leur donnait cette feinte vieillesse — suppliait une aumône avec des yeux