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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/349

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VISIONS DE L’INDE

les gésines ont ployés. Elle ne répond point aux questions que je lui fais adresser par le musulman. Elle est déjà indifférente, hébétée, tandis que l’autre, à ses côtés, plus novice, tremble toujours et pleure.

Mon cœur se serre devant ces infortunées qui, je le sais, je le sens, ne tombent si bas qu’à cause de l’égoïsme des castes. Le maître de ces tristes cérémonies imagine sans doute que ces créatures me déplaisent et il me chuchote à l’oreille :

« J’en attends une troisième qui est jeune et belle, et que nul n’a profanée. »

De nouveau, en effet, sur le seuil, une boîte d’étoffe est déposée par les coolies. Une frêle poupée en sort, les joues frottées de vermillon avec des yeux admirables, fiers, et doux, que les cils très longs semblent vêtir de leur ombre caressante. Nos regards se touchent ; tant de supplication vient d’elle à moi par ce silencieux langage que j’ordonne à mon cynique fournisseur de s’éloigner, je renvoie avec quelques roupies dans les mains les deux précédentes ; je ne garde avec la nouvelle venue que Rozian pour nous servir d’interprète. Je l’interroge, la comprenant intelligente et en proie à une de ces émotions qui délient les profonds secrets. Elle parle en effet. Elle est fille d’un brahmine, savant et pauvre. À huit ans elle a été fiancée par l’astrologue