passant devant un bazar, l’Émir s’entendit plaisanter par un poète en de satiriques couplets qui de plus le traitaient d’assassin… Il descendit aussitôt de son éléphant et discuta avec son détracteur. Ainsi pratiqua-t-il l’égalité entre les hommes, prêchée par le Prophète.
Mais comme le poète ne paraissait pas se laisser convaincre aussi rapidement qu’il l’eût dû, Abdoul Raman lui maintint la nuque de la main gauche, et, de la droite, lui arracha la langue… Puis il continua sa promenade, satisfait d’avoir obéi au Koran et d’avoir fait respecter sa toute-puissance de Kahn…
Il était temps de rentrer à Jamroud. Nos chevaux piaffaient d’impatience. En retournant, tandis que nos regards s’égaraient sur les crêtes désarmées, l’Écossais me dit : « Quel embarras pour nous quand cet homme disparaîtra ! »
En effet, depuis, l’Émir Abdoul Raman est mort ; mais rien n’a été changé pour cela sur la face du monde, car les Anglais ont acheté son successeur.