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VISIONS DE L’INDE

louche, tandis que vous rudoie en passant un marin ou un soldat saoul…


Mon ami le globe-trotter décide qu’il tâtera de la « volupté native » et qu’il étreindra quelqu’une de celles que Kipling appelle dans son emphase biblique « la délicate iniquité » ou « le vice gras ». Nous le suivons dans Chipor-Road. C’est la nuit compacte et le sommeil maintenant. Cependant il n’hésite pas, force les portes, entre dans une sorte de villa écartée, paria des autres maisons. Là, une mégère à mèches grises nous amène des enfants pauvres qui sourient, et leurs yeux ont la beauté large des bestiales innocences.

Une petite attire mon camarade. Elle ne sait pas un mot d’anglais et certainement elle n’a pas encore « servi » beaucoup. Je comprends les sources mentales du désir qu’elle vient d’éveiller : de la pitié, la rareté d’une proie si jeune qu’il n’est pas criminel de prendre ici, l’étonnement aussi d’apercevoir, en cette fillette de douze ans à peine, les appas de la femme épanouie, seins anormaux pour une taille si petite et des hanches encore grêles, seins tels que ceux des déesses et des apsaras dans les corniches ou aux chapiteaux des pagodes, longs fruits noirs, fermes, luisants, que la première gésine flétrira à jamais, mais qui sont aujourd’hui