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VISIONS DE L’INDE

c’est parmi ces voleurs — si tu es voleur, va à Bénarès, dit un proverbe hindou, — une frénétique ruée vers quelque part de fabuleux et de tournoyant qui entraîne dans son vertige cette horde d’idéalistes, — menteurs et fraudeurs sans doute — mais malades d’aimer l’au-delà, fous de chercher la raison ultime des choses.


III

Bêtes et Dieux.


Des cris, des fientes, des bonds. Les palmiers et les « pipel tree », immenses arbres au feuillage délicat et ombreux — qui poussent seulement dans l’Inde, — épaississent ici dans la Ville Sacrée un coin de jungle que troue le temple de Durga. Là règnent des singes, vénérés comme des dieux. Ils glapissent, rient, dansent, se pouillent et croquent les graines ou les « sweets » que les visiteurs leur paient. De toute taille, de tout sexe, de toute robe. Les uns gris, les autres jaunes ou bleus avec des ventres et des cuisses oranges, couleur des couchers du soleil sur Bénarès. Des guenons serrent leurs nourrissons, tendres et farouches comme des mères humaines.