Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Elle se pencha sur le pauvre visage enflammé de fièvre.

— Tu l’aimes ? murmura-t-elle.

La fillette dormait d’un sommeil agité.

Elle n’entendit pas.

Rolande l’embrassa au front.

— Et il ne sait pas que tu l’aimes !… Peut-être, s’il le savait, est-ce toi qu’il aimerait… Peut-être aura-t-il à choisir un jour… Peut-être que c’est vers toi qu’il se retournera, lorsqu’il faudra que je lui révèle l’affreux secret qui nous sépare…

Rose-Lys fit un mouvement, car pour la seconde fois sur son front les lèvres de Rolande venaient de s’appuyer plus fort.

Elle s’éveilla, elle vit ce doux et fier visage penché sur elle.

— Tu ne dors pas ?

— Non, je te regardais dormir… Tu rêvais…

— J’ai parlé ?

— Comme on parle en rêve…

— Qu’ai-je dit ?

— L’image de ton père assassiné te poursuivait… Tu parlais de ton père…

Rose-Lys soupira.

Leurs mains s’entrelacèrent.

La pluie, une averse violente et glacée chassée par un vent du nord, fouettait contre les morceaux de planches avec lesquels elles avaient remplacé les vitres. Le vent hurlait par toutes les fentes de la maison. La pluie tombait sur leur lit.

— Tâche de dormir.

— Tu m’aimes donc un peu, Rolande ?

— Comment ne t’aimerais-je pas ? Je t’aime beaucoup…

Rose-Lys murmura, la voix faiblissante :

— Tu as raison, va, bien raison…