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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Elle se tut. Sa respiration devint régulière. Et, cette fois, elle fut calme.

Seule, au cours de cette nuit, Rolande ne dormit pas.

Et ce fut ainsi que les jours s’écoulèrent.

Et les semaines, et les mois…

Ce fut ainsi que s’écoulèrent les années…


V

1918


Quand le train stoppa en gare de Bâle, le quai était encombré d’une foule d’hommes et de femmes dans l’attente émue d’un grand événement. Et ceux qui étaient là portaient dans leurs bras des paniers pleins de friandises et de choses substantielles, de vin, de lait et de café fumant, de pain, de jambon et de viandes froides, tout cela mêlé à des fleurs et à des fruits…

Quand le train stoppa en gare de Bâle, ceux qui attendaient ainsi se précipitèrent sur les marchepieds, leurs bras levés chargés d’offrandes et les yeux pleins de pitié et de sourires, avant même que les voyageurs fussent descendus.

Dans l’encadrement des vasistas baissés, des visages apparaissaient, fatigués et malades, hâves et amaigris, dont les regards avaient je ne sais quelle joie attristée, des visages qui voulaient s’émerveiller au soleil de la liberté et ne pouvaient y croire. Les bustes qui