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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/365

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tombant en ruine, et des ministres du culte réduits à tendre la main, ou à se louer à la journée comme hommes de peine. Il y a d’ailleurs des services diocésains, tels que le traitement et l’entretien des chanoines et des évêques, les frais du culte dans les cathédrales, l’enseignement théologique, les synodes, etc., et des services généraux, parmi lesquels il faut compter l’institution des cardinaux et les conciles généraux et particuliers. Il faudra donc recourir aux cotisations régulières, tolérer, par conséquent, et même encourager la solidarité des membres de chaque Église entre eux, dans toute l’étendue du pays, et leur permettre d’avoir une caisse centrale, des administrateurs de cette caisse et des collecteurs. N’est-ce pas, avec le temps, fonder un État dans l’État ? N’est-ce pas préparer entre les différents cultes des compétitions et des rivalités d’une nature regrettable ? N’est-il pas évident que le pouvoir administratif et le pouvoir judiciaire seront forcés d’intervenir à chaque instant, soit pour surveiller la perception, soit pour surveiller l’administration des recettes ? Cette intervention ne sera-t-elle pas plus difficile à exercer et plus difficile à supporter que l’intervention simple et régulière qui résulte de l’existence d’un budget ? Par quelle assemblée la cotisation annuelle sera-t-elle fixée et répartie ? Par quelles mains sera-t-elle perçue ? Les divers clergés ne se livreront-ils pas à une inquisition occulte sur la nature et la quantité des revenus de leurs coreligionnaires ? Ne verra-t-on pas, selon les localités, des richesses scandaleuses à côté de misères plus scandaleuses encore ? La perception de ces nouveaux impôts ne nuira-t-elle pas aux recettes de l’État ? Ne troublera-t-elle pas l’action de l’assistance publique et celle de la charité privée ? Enfin, si les administrateurs des revenus ecclésiastiques déclarent qu’ils sont obligés de prévoir des recettes insuffisantes, de fonder des caisses de retraite, de conserver des fonds disponibles pour des besoins éventuels, la justice ne veut-elle pas qu’on les y autorise ? Et