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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/385

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absolue la liberté d’enseignement, c’est la réclamer pour toutes les écoles et pour toutes les doctrines ; et réclamer la liberté des cultes, c’est la réclamer pour tous les cultes. Le clergé catholique, demandant l’établissement d’une liberté à laquelle les juifs et les protestants auraient eu autant de droits que lui, ne paraissait pas dans son rôle ; et l’on peut dire au moins que cette situation qu’il avait prise contrastait étrangement avec le maintien de l’inquisition dans les États Romains.

Mais veut-on savoir pourquoi le clergé demandait la liberté ? c’est qu’il savait que, par la force des choses, il en profiterait seul. Tant que l’esprit d’association ne sera pas né en France, toutes les fois que le clergé sera libre d’agir, il écrasera toute concurrence privée et luttera contre l’État à chances égales. En veut-on la démonstration ? elle vaut la peine d’être faite, parce que la même difficulté se présentera toujours partout où le catholicisme sera en majorité et où l’esprit d’association fera défaut. D’abord il y a en France cinquante mille prêtres ; ainsi le clergé ne manquera jamais de professeurs. Acheter ou

    mais de pousser le gouvernement et les Chambres à la faire. Mgr Parisis n’hésitait pas du reste à regarder comme mauvaises et pernicieuses la liberté des cultes, la liberté de la presse et la liberté de l’enseignement. Il disait de la liberté de la presse « qu’elle avait produit d’horribles ravages, » p. <26, et il l’appelait, avec l’Encyclique de 1832, « deterrima illa, ac nunquam salis exsecranda et deteslabilis liberlas arlis librariae. » Mais il établissait que la presse dominante et l’enseignement de l’État étaient pernicieux ; et il en concluait qu’il fallait demander la liberté, pour enseigner aussi le bien, puisqu’on enseignait déjà le mal. « Supposons une société où tous les enfants soient élevés par des maîtres consciencieux et capables, quel serait l’homme assez pervers, assez extravagans pour proposer d’établir un système qui donnerait aux individus sans conscience et sans principes le droit de former l’enfance et d’instruire la jeunesse ? » p. 447. — Mgr le cardinal Gousset s’exprime ainsi à l’égard de la liberté de la presse, dans sa Théologie morale, t. I, p. 271 : « Quelle que soit la forme d’un gouvernement, les législateurs pèchent en faisant des lois contraires aux lois de la religion et de l’Église ; en tolérant la publication, soit des livres impies qui tendent à saper les fondements de toute révélation, soit des productions immorales, » etc.