Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/243

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gneuses, — elles ne l’empêcheront pas de faire son chemin, — insinuant, fouilleur, chafoin, furet, belette, taupe : il arrive de Paris, où il a été reçu, comme Turfin, un des premiers à l’agrégation ; il y a laissé des protecteurs que son esprit de gringalet amuse ; il en a rapporté une femme amusante, jolie, et qui doit trouver tous ces provinciaux bien sots.

M. Larbeau, c’est son nom, se fiche un peu de ses élèves, — il est caressant avec les fils des influents qu’il ménage, et auprès de qui il a conquis une popularité parce qu’il les traite comme de grands garçons, mais il n’est pas rosse pour les autres. Pourvu qu’on rie de ce qu’il dit ! — il fait des calembours et propose quelquefois des charades ; on l’appelle le Parisien.

Je crois qu’il me trouve un peu couenne, — parce que ses blagues ne m’amusent pas ; puis, il a entendu dire par un camarade qui prend des répétitions avec lui, que j’ai voulu être cordonnier, et que maintenant j’aimerais être forgeron. Je lui semble commun ; ma mère d’ailleurs lui paraît vulgaire, et mon père lui fait l’effet d’un pauvre diable. Mais il ne me tourmente pas, il a l’air de me croire, même quand je dis que j’ai oublié mes devoirs, ou que je me suis trompé de leçon.

À la fin de l’année, aux compositions de prix, il nous lit des romans de Walter Scott.


Arrive la distribution solennelle ; — je n’ai rien — ou j’ai quelque chose, — il me semble bien que je rapportai une ou deux couronnes, et que je fus embrassé sur