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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/225

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feste toujours, même dans les circonstances les moins propres à l’exciter.

Il est un degré d’infortune réelle ou imaginaire, où la consolation n’a plus d’accès dans l’âme, elle lui est même à charge. Deux malheureux courbés sous le poids de leurs maux, mais qui n’en sont point encore accablés, peuvent adoucir mutuellement leurs peines, mais lorsque la mesure des maux est comblée, que l’espoir est entièrement évanoui, l’homme est sourd à la voix de l’amitié ; son âme absorbée dans la contemplation de son malheur, est incapable de faire attention à autre chose, elle peut à peine se replier sur elle-même, et elle est pour ainsi dire submergée dans la mer de l’infortune.

Le jeune Français qui m’intéressait si vivement était sans doute dans ce cas, et son malheur le rendait sourd à la voix de l’amitié ; la sensibilité, la douceur qui brillaient dans ses yeux, étaient étouffées par l’affluence des sentiments douloureux qui assaillaient son âme.