Pendant que j’étais dans cet état, les
scélérats qui m’avaient enlevé mon ami,
environnèrent la voiture et commencèrent
à vouloir en arracher Emilie ;
cette vue me tira de la stupeur où j’étais
et me rendit toutes mes forces ; furieux,
je me précipitai sur ces assassins, et du
premier coup j’en étendis un sur le
carreau ; une voix qu’il me sembla
reconnaître pour celle du Comte, redoubla
encore ma rage ; je m’avançai sur
lui et lui lâchai mon second coup, mais
la fureur où j’étais, m’ayant empêché de
diriger mon arme, par un malheur
inouï, la balle au lieu d’atteindre mon
ennemi, perça la glace de la voiture et
alla frapper Emilie ; ma maîtresse
poussa un cri aigu et tomba noyée dans
son sang ; au même instant je tombai
moi-même sous les coups de mes assassins.
Je restai près de deux heures dans cet état ; lorsque je revins à moi, je me trouvai sur une espèce de brancard porté par quatre paysans. En portant les yeux