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Sont masculins en wallon et féminins en français, les substantifs suivants : on récoulisse, dans le sens de bâton de jus de réglisse ; on lavasse, une lavasse ; on pièle, une perle ; on dint, une dent (par étymologie, dens, masc.) ; on botique, une boutique ; on bombanse, une bombance ; on lèçon, une leçon (d’après E. Remouchamps dans Tâtî l’ pèrriquî) ; on foule, une foule ; on lotte, une lotte.

Beaucoup d’auteurs wallons font cependant ces quatre derniers mots féminins. Remarque analogue pour ine vâ, un val, dont le genre est variable.

Les mots suivants, féminins en wallon, et masculins en français, ont surtout subi l’influence de leur terminaison qui les a rendus féminins ; cette influence s’est accentuée et maintenue à cause de l’identité de forme des articles définis et indéfinis au masculin et au féminin et, pour certains d’entre eux, à cause de leur étymologie.

Les principaux de ces substantifs se trouvent dans les exemples suivants :

Ine grande aigue. Un grand aigle.

Ine belle age. Un bel âge.

Ine foite âgne. Un âne fort.

Ine joyeuse air.[1] Un air joyeux.

Ine pitite ârmanak. Un petit almanach.

Ine vèye calande (cande). Un vieux chaland (client).

Ine bonne cange.Un bon échange.

Ine douce caramelle. Caramel au sens de bonbon, berlingot.

Ine bleuve carroche. Un carrosse bleu.

Ine neure coine. Un coin noir.

Ine cense et d’mêye. Un cent[2] et demi.

Dè l’ mâssèye ècinse. De l’encens sale.

  1. Parfois masculin. Ex : L’air ligeoîs.
  2. Nom hollandais de la pièce de deux centimes.