il fasse tout ce qu’on lui ordonne, à le châtier en cas de refus, et, comme le dit le poète[1] : A sévir contre lui par des peines cruelles « . Vois, en outre, si nous n’avons pas autant de maîtres qu’il existe d’êtres, dont nous sommes forcés de dépendre, pour n’avoir à redouter ni souffrance, ni douleur de leurs châtiments. A moins que tu ne considères uniquement comme châtiment de lever un bâton et d’en frapper un esclave. Car les maîtres, même les plus emportés, n’en usent point ainsi envers tous leurs esclaves ; souvent ils se contentent de paroles et de menaces. Ne te crois donc pas libre, mon ami, tant que ton ventre te commande ainsi que les parties qui sont au-dessous du ventre, puisque tu as des maîtres qui peuvent t’accorder ou te refuser le plaisir, et lors méme que tu pourrais t’affranchir de leur joug, tant que tu es esclave de l’opinion du vulgaire, tu n’as point touché la liberté, tu n’en as point goûté le nectar. » J’en jure par celui qui révèle à notre âme Le quaternaire[2], éclat de la céleste flamme ». Et je ne dis pas seulement que jamais le respect humain ne doit nous empêcher de faire notre devoir, mais j’entends que, sur les actions dont nous nous abstenons et sur celles qu’il nous plaît de faire, ce n’est pas le vulgaire qu’il faut consulter pour juger
- ↑ Homère, Iliade, v. 766.
- ↑ On peut voir l’explication de ce mot sacramentel dans Lucien, Sectes à l’encan, 4. « Pythagore. Ensuite tu apprendras à compter. — Le marchand. Je sais compter. — Pythagore. Comment comptes-tu ? — Le marchand. Un, deux, trois, quatre. — Pythagore. Attention ! Ce que tu crois être quatre, c’est dix, c’est le triangle partait, c’est notre serment. — Le marchand. J’en jure par quatre, le grand serment, je n’ai jamais ouï langage plus divin et plus sacré. « En effet, l’addition des quatre premiers nombres donne le le nombre 10 : 1 + 2 + 3 + 4 = 10. Quant au triangle parfait, ce n’est autre chose que le triangle équilatéral, représenté de cette manière par Pythagore :
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• • • •Chacun des côtés se compose du nombre quatre, qui servait ainsi aux pythagoriciens de formule de serment. Le voici tel qu’il existe dans les Vers dorés :
« J’en jure par celui qui donne à notre âme le quaternaire, source des principes de la nature éternelle ! »Ναὶ μὰ τὸν ἀμετέρα ψυχᾷ παραδόντα τετρακτὺν,
Παγὰν ἀεννάου φύσιος ῥιζώματ’ ἔχουσαν