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Le mot chèvre vient du latin « Capra,[1] Capricus» (d’où caprice, capricieux). Ce qualificatif convient à merveille à la chèvre, le vieux chevrier des Alpes en sait quelque chose, lui à qui la troupe vagabonde dont il a la garde, ne laisse souvent ni trêve, ni repos.

Quand à savoir comment la chèvre a passé de l’état sauvage à l’état domestique, c’est encore un problème à résoudre, et qui ne le sera pas de sitôt ; au reste ceci est d’un intérêt secondaire pour qui s’occupe d’agriculture d’une façon pratique et non en simple amateur. Peu-à-peu la chèvre s’est propagée dans tous les pays et sous tous les climats ; au pied des glaciers suisses, au nord des pays Scandinaves, au sein des brûlantes contrées de la Nubie, partout nous la retrouvons. Depuis la grosse et paisible chèvre de cette dernière région, que des explorateurs ont prise plus d’une fois pour une brebis et qui supporte sans inconvénient des chaleurs tropicales, jusqu’à la chèvre du Valais qui vit près des glaciers, que de variétés, ayant des qualités et des mœurs propres à satisfaire les besoins multiples du cultivateur ![2]

Or, comme l’a très bien dit dans le bulletin agricole neuchâtelois, au sujet de l’Exposition de Berne, mon collègue et ami M. E. Bille, directeur à Dombresson : Il faut remettre de l’ordre dans ce monde caprin et, ce ne sera pas facile avec cette macédoine de variétés. — Voilà cependant la tâche qui nous incombe et nous tenterons de le faire.

Pour ce qui concerne le gros bétail on a répété depuis longtemps et avec raison : pas de bon élevage possible sans race, alors pourquoi cette vérité ne s’appliquerait-elle pas à l’espèce caprine ?

Sous l’influence de la migration des peuples, du changement de climat, de nourriture et de procédés d’élevage, la race unique qui devait exister à l’origine a donné naissance à toutes ces variétés, sous-variétés, métis qui abondent de nos jours.

  1. En patois fribourgeois, le mot « Capra » est encore employé pour désigner la chèvre.
  2. Nous ne décrirons pas les chèvres d’Angora, de Cachemire, etc. lesquelles tout en étant des animaux très productifs, n’intéressent nullement les éleveurs de notre pays.