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latérales de la tête (joues). Le front et le chanfrein sont brun clair, l’extrémité du nez est grise. L’intérieur et le bord des oreilles sont également garnis de poils grisâtres, mais aux jambes, ce poil très soyeux est gris clair jusqu’au dessus des genoux et du jarret. La partie intérieure des cuisses est également grisâtre, et non pas blanche, comme on l’a dit quelquefois. À l’origine de chaque côté de la queue, qui est liserée de gris on remarque deux taches de la même nuance. Les « onglons » sont jaune clair. Une particularité de la chèvre du Toggenbourg, ce sont ces deux appendices fibreux qu’elle a sous le cou, généralement garnis à la base de poils gris.

Ces appendices du cou existent parfois dans d’autres races, celle du Gessenay par exemple, mais plus rarement ; on leur donne chez nous le nom de bambillons et dans la Suisse allemande on les appelle « Maneli, Zötteli, Halsglöckli » (sonnettes de cou).

Le corps est recouvert en entier de poils courts et fins, à l’exception du dos et des cuisses où ce poil est demi-long. Chez le bouc il est plus long et tombe sur les épaules. La barbe du bouc est aussi très développée ; la chèvre en a peu. Les longs poils du dos sont brun foncé, au sortir de la stabulation, et très clair, couleur froment à la descente de l’alpage.[1]

Tous ses caractères distinctifs et constants de la race du Toggenbourg lui donnent comme on le voit un cachet très original, les bons éleveurs y tiennent beaucoup.

La chèvre du Toggenbourg est de taille moyenne (0,70 — 0,78 m) au garrot, mais elle est généralement plus légère que celle de Saanen. Elles ont à peu près la même conformation, tête moins courte que les chèvres chamoisées et à col noir, mais front et mufle larges, oreilles parfois un peu pesantes.

Ses formes sont régulières, elle a le dos droit, la croupe très développée, les côtes bien arrondies, les membres relativement longs avec de bons aplombs ; sa tétine est aussi développée, avec des trayons réguliers.

Les véritables chèvres du Toggenbourg ne doivent jamais avoir de cornes. On en rencontre parfois avec des cornes fines, légèrement recourbées et pareilles à celles de la chamoisée. Ce sont là des cas d’atavisme qui deviennent de plus en plus rares, car ces sujets sont toujours écartés par les éleveurs.

Il paraît que la race du Toggenbourg est issue d’un croisement très ancien entre la St. Galler Oberländerziege (chamoisée) et la chèvre blanche d’Appenzell ou de Saanen. Ces places grisâtres à la tête et sur les autres parties du corps le prouvent suffisamment. Aujourd’hui elle a acquis à juste titre le nom de race et ses caractères distinctifs sont assez constants et bien marqués, pour que nous n’ayons pas à y revenir.

3. Tempérament et Aptitudes.

Pour ce qui concerne le tempérament et les aptitudes de la chèvre du Toggenbourg nous n’aurions rien à ajouter à ce que nous disions de celle du Gessenay. Comme elle, on peut l’alper dans les hauts pâturages, en même temps qu’elle s’accommode fort bien de l’écurie, pendant l’été. Sous ce rapport là son entretien est très avantageux. Ses qualités laitières sont remarquables et justement réputées.

  1. Le même cas se présente pour l’espèce ovine rousse du Jura ; c’est l’effet des pluies et du soleil. Par contre, certains manteaux deviennent plus sombres, en été, après l’alpage, comme chez les porcs rouge-clair ou jaunes.