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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/113

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COMPARAISON DE DEUX FAMILLES VOISINES.

connaît dans le quartier, allez ! Personne ne peut les souffrir à cause de leur air insolent. Pour ma part, je voudrais bien les voir partir ! Entendez-vous ce vacarme ? C’est leur gamin qui descend en sifflant. Quelle dégringolade ! Tout tremble. Encore heureux qu’il ne glisse pas du haut en bas sur la rampe comme cela lui arrive souvent ! Oh ! mais, le propriétaire va bientôt leur donner congé, j’espère.

Mme Ménart essaie de calmer la concierge qui reprend :

— Bien, bien, vous allez juger par vous-même, puisque vous tenez à y aller ; mais, croyez-moi, gardez pour la bonne bouche les Morel. À la bonne heure, parlez-moi de ceux-là ! Et si convenables, si polis, si paisibles, si d’accord entre eux ! Quels braves gens ! Si vous saviez comme chacun les estime !

— Allons, je vais voir les deux ménages, dit l’institutrice préoccupée.

Elle monte, frappe à l’une des portes du troisième étage au hasard. Un bruit de chaises culbutées, puis des cris perçants se font entendre.

— Bon ! je tombe chez les Duval, murmure Mme Ménart.

En effet. On ouvre. L’institutrice entre dans un logis en désordre, où on ne trouve que difficilement un siège propre à lui offrir. Tous les visages ont un air fâché. Sans doute, il y avait dispute.

— Cela se comprend, pense Mme Ménart ; comment être de bonne humeur dans un taudis pareil ! Chacun souffre et est maussade.

— Eh bien, et notre petite malade ? demande-t-elle.

— Elle a la rougeole, répond le père d’un ton bourru. Ah ! nous avons bien du malheur. Tout va mal.

— Voyons, voyons, du courage ! fait l’institutrice. Puis-je vous aider à quelque chose ?

— Tenez, Madame, dit la mère, décidez donc ce méchant garçon à aller chez le pharmacien pour faire remplir l’or-