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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/26

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.

— En entrant à l’école, tu t’approcheras de notre maîtresse pour la saluer. Tu sais, pour saluer, on dit : « Bonjour, Madame », et en même temps on incline la tête et un peu le corps. Fais comme moi.

Pauline imite son amie, une fois, deux fois.

— Bon, dit Claire, c’est cela. Je continue. Tu t’assiéras ensuite à la place indiquée par Madame, et tu feras comme les bonnes élèves. Une bonne élève se tient bien, elle ne tourne pas la tête comme une girouette pour voir ce qui se passe à droite ou à gaucho, devant ou derrière. Elle ne bavarde pas comme une pie, n’est pas dissipée, et écoute attentivement tout ce que dit la maîtresse.

— Ce sera peut-être un peu long, remarque Pauline.

— Quoi donc ?

— Mais d’écouter du matin jusqu’au soir !…

Claire part d’un frais éclat de rire.

— Petite nigaude ! Crois-tu donc que notre maîtresse parle sans s’arrêter ?

— Oui.

— Que non ! Quelquefois Madame raconte de jolies histoires ou fait des explications ; alors, on l’écoute. Quelquefois elle nous fait écrire, calculer, coudre, dessiner ; alors on s’applique. Souvent, enfin, elle nous fait lire et nous interroge. Alors on parle, on répond. Et elle a soin de changer souvent notre ouvrage pour ne pas nous rebuter.

— Ce doit être amusant, dit Pauline intéressée, et dont les yeux brillent.

— Tu verras. Moi, j’aime beaucoup la classe, on y apprend une foule de choses utiles. On s’instruit et l’instruction est, il paraît, indispensable aujourd’hui. On ne pourrait pas gagner sa vie plus tard si on ne savait rien, si on restait ignorant. On y apprend aussi la politesse, comment il faut se conduire.

Madame est sévère, mais juste. Je l’aime beaucoup.

— Parce qu’elle est sévère ?

— Parce qu’elle nous fait travailler et s’occupe de nous