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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/40

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.

va-t-en manger avec papa : ta barbe, à toi, est assez longue ! »

Grâce à cette réflexion, qui amusa les convives, le petit bonhomme eut toujours sa place à table, même dans les dîners de cérémonie ; mais il faut dire qu’il s’y tenait à merveille.

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S’il est vexant pour les enfants de n’être point admis à la table des
grandes personnes, il l’est bien plus encore d’être condamnés à aller au lit… sans souper. Cette mésaventure arriva à un de nos grands écrivains, Jean-Jacques Rousseau, qui s’était rendu coupable de quelque espièglerie.

Allant se coucher, et passant par la cuisine avec une mine triste et abattue, il vit et flaira le rôti qui tournait à la broche. Plusieurs personnes se trouvaient autour du feu ; il fallut, en passant, saluer tout le monde. Quand la ronde fut faite, lorgnant du coin de l’œil ce rôti qui sentait si bon et qui semblait si appétissant, le bambin ne put s’empêcher de lui faire la révérence et de lui dire d’un ton piteux : «  Adieu, rôti ! »

Cette saillie parut si plaisante qu’elle lui valut son pardon.

Si la salière n’est pas garnie d’une petite cuillère, on essuie la pointe de son couteau pour prendre du sel et du poivre.