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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/44

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


lières, quelques recommandations naïves vous font sourire, vous pourrez néanmoins profiter de bon nombre des conseils qu’il contient. Écoutez :

« À table, il ne faut pas témoigner par aucun geste qu’on ait faim, ni regarder les viandes avec avidité, ni indiquer les mets qu’on préfère, ni porter les viandes à son nez pour les sentir.

« Il ne faut pas manger vite, ni goulûment, quelque faim que l’on ait, de peur de s’engouer[1].

« Il faut en mangeant joindre les lèvres, ne pas montrer ce qu’on a dans la bouche et ne pas laper[2] comme les bêtes.

« Il ne faut pas non plus ronger les os, ni les casser ou les secouer pour en avoir la moelle.

« Il est très mal séant de toucher les viandes, de les porter à sa bouche avec sa main, d’essuyer ses doigts gras à son pain ou de les lécher, ce qui est le comble de l’impropreté[3]. »

Ici une petite digression qui nous prouvera que les souverains ne respectent pas toujours les règles de la civilité.

La reine d’Angleterre, Victoria, est très friande de gibier. Elle mange à la bonne franquette[4], se servant volontiers de ses mains pour achever une aile de perdreau. Un jour, la petite princesse May de Teck, mariée aujourd’hui au duc d’York, fils du prince de Galles, fut admise à la table royale.

En voyant la reine se servir de ses mains, elle eut un beau cri d’horreur : « Oh ! fit-elle, la malpropre qui mange avec ses doigts ! »

Et toute la famille de rire, la reine la première.

Revenons à notre sujet :

  1. S’obstruer, se boucher la gorge.
  2. Tirer la langue et boire à la manière des chiens.
  3. Nous disons aujourd’hui malpropreté.
  4. Sans façons.