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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/71

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EN VOYAGE.


pardon, il s’avance, marche sur le pied de ces dames. La dame âgée est obligée de le prendre par le bras et de le repousser. Elle lui dit : — Ce que vous faites-là est impoli, petit garçon ; restez à votre place.

Pierre se retourne et essaye d’aller à l’autre bout. Il heurte les jambes des dormeurs fort ennuyés d’être dérangés dans leur sommeil. L’un d’eux lui dit en colère : — Vas-tu finir, galo-
pin ? Si tu recommences, je te corrigerai et te tirerai les oreilles.

De guerre lasse, pierre se met à chanter, à siffloter, monte debout sur la banquette au risque de la salir, puis il taquine son petit frère, le fait pleurer, et enlève la poupée de sa sœur Clémence sans vouloir la lui rendre.

Il faisait un tel tapage, il était si remuant que la pauvre jeune femme malade dit à sa mère : — Que ce bruit me fait mal ! Ne pourrions-nous pas changer de compartiment ?

Cependant les ouvriers étaient descendus. Pierre se trouva près de la portière. Comme la glace était fermée, il voulut la baisser, malgré la défense de sa mère. Dans un mouvement brusque il donna du poing sur le verre et la vitre se brisa en mille morceaux.

Justement on arrivait à destination. Un employé entendit le bruit : dine ! dine ! il s’approcha et dit à la mère :

— Madame, c’est 3 francs que vous allez remettre à la compagnie ; qui casse les verres les paye.

Mme Lebon n’était pas riche et, ne s’attendant pas à ce