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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/77

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AVENTURES AMUSANTES.


marchez quelques pas en avant, ne vous retournez pas sans cesse pour regarder, ne vous arrêtez pas pour entendre ce qui se dit. Moins un enfant est gênant, plus on l’aime.

Si vous voyez une personne occupée à lire ou à écrire, ne vous approchez pas pour regarder ce qu’elle lit ou écrit, ou vous passeriez, à raison, pour des enfants très mal élevés.

On raconte qu’une dame écrivant un jour une lettre, s’aperçut qu’un jeune homme s’était approché doucement pour lire par-dessus son épaule ce qu’elle écrivait. La dame continua sa lettre en ajoutant : « Je vous en dirais bien davantage si M. X n’était pas derrière moi lisant ce que je vous écris. »

— Ah ! madame, s’écria le jeune homme, je vous assure que je n’ai rien lu !

Comprenez-vous la naïveté de cet indiscret ? Il existe une autre sorte de curiosité, qui, celle-là, n’a rien à faire avec la politesse, et pourtant je voudrais vous en dire un mot.

Dans quelques bourgades de la France, on trouve encore certaines personnes désireuses de connaître l’avenir, et pour satisfaire leur désir, elles consultent les sorciers, les devins, les tireuses de cartes, les diseurs de bonne aventure. Ces personnes simples et crédules devraient réfléchir qu’il n’est au pouvoir de personne de connaître l’avenir.

D’ailleurs, à quoi bon cette connaissance ? Elle ne pourrait que nous rendre malheureux. Si, par impossible, nous pouvions, au seuil de la vie, voir se dérouler tous les événements de notre existence, beaucoup d’entre nous reculeraient épouvantés. Mes enfants, vous l’apprendrez un jour, hélas ! si la terre nous offre de douces joies, elle nous réserve aussi des tristesses bien amères. La curiosité que l’on satisfait n’a pas toujours d’heureux résultats pour notre amour-propre. Un enfant aimant à écouter aux portes, cherchant à surprendre ce qu’on dit,