Aller au contenu

Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


peut entendre des choses peu flatteuses ; en voulez-vous un exemple ?

Victorine aperçoit un jour à la récréation quelques-unes de ses compagnes qui causaient ensemble. Elle s’approche du groupe à pas de loup — c’est son habitude — et parvient à se dissimuler derrière un arbre. Elle écoute et entend une des écolières faire cette question :

— Quelle est la plus intelligente de la classe ? Toutes les voix répondent :

— C’est Pauline.

— Et la plus bête ?

— C’est Victorine !!

Victorine a voulu entendre, elle a entendu une chose bien flatteuse pour elle !… Une de ses amies, Rosalie, a voulu lire une lettre, elle l’a lue et vous allez juger si, elle aussi, a dû être satisfaite de sa curiosité.

Rosalie allait quelquefois chez une de ses tantes, et cette dame ne fut pas longtemps à s’apercevoir que sa nièce avait de nombreux défauts. Elle cherchait partout, furetait jusque dans les tiroirs de commode. Un matin, la tante surprit sa nièce lisant un papier plié qu’elle avait laissé sur la table ; elle ne fut pas contente, cela se comprend.

Elle chercha dans sa tête ce qu’elle pourrait faire pour corriger cette petite fille et lui donner une bonne leçon. Voici ce qu’elle imagina : elle écrivit une lettre à l’institutrice de Rosalie et envoya l’écolière porter la missive. Pour une telle curieuse il était difficile de tenir une lettre dans sa main sans chercher à savoir ce qu’elle contenait. Voilà donc la commissionnaire en route. La lettre lui brûle les doigts, elle la tourne, la retourne, bref… elle finit par l’ouvrir et lit ce qui suit :

« Madame,

« Permettez-moi de vous envoyer quelques réflexions au sujet de ma nièce Rosalie. Elle vient me voir assez sou-