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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/93

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L’EMBARRAS DE LA MÈRE CATHERINE.


un accueil favorable, et veuillez agréer l’expression de tout mon respect. »

La mère Catherine rentra radieuse à la maison avec la note qu’elle tenait à la main. Elle termina la lettre à laquelle chacun souhaita bonne chance. Et tous ces vœux portèrent bonheur à la missive, car dans le courant même du mois, le fils de lanière Catherine lui écrivit qu’il avait son congé. On devine la joie de la pauvre femme.

Puisque le fameux petit cahier d’Angèle contenait des renseignements précieux sur le style épistolaire, nous allons les donner ici, pensant qu’ils seront utiles à nos petites lectrices.

« Rien n’est difficile, et je dirai même important, comme la terminaison des lettres. Elle doit varier suivant ce qu’est pour nous la personne à laquelle nous écrivons et ce que nous sommes pour elle : supérieur ou inférieur, obligeant ou obligé, parent ou ami ; et, suivant ces différentes situations, il existe des nuances délicates de formules qu’il faut savoir employer.

« Une lettre de demande, adressée à un homme élevé en dignité, a moins de chance de réussir lorsqu’elle ne respecte pas les convenances et froisse la personne qui la reçoit. Nul, dit-on, n’est censé ignorer la loi ; nul non plus ne doit ignorer les règles de la politesse et les conventions sociales.

« On l’a dit avec raison : une lettre, c’est la conversation écrite ; écrivez donc comme vous parlez… mais tâchez de bien parler.

« Une jeune fille ne doit jamais écrire ni recevoir de lettres sans y avoir été autorisée par ses parents.

« Ne vous niellez pas à écrire une lettre sans y avoir réfléchi à l’avance. Arrêtez votre plan, cherchez vos idées, veillez sur votre style, et surtout prenez le temps de vous relire.

« On juge souvent de notre éducation par la manière dont nous écrivons une lettre.