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symbolistes et décadents

appliquée à la farce, pour y donner nette la configuration d’un personnage et, en face, de vives et cursives railleries écrites à plaisir dans l’impersonnel et presque le plus administratif des styles, tels sont les deux points les plus opposés, contrastants de la manière de Villiers. Idéalement des façons d’aborder les sujets aux amples développements issues de Poe, d’Hoffmann et de Flaubert, des façons de développer (le premier) les risibilités d’une certaine science moderne, pratique et opaque, procédant en cela de Poe mais avec toute l’invasion d’un procédé de plaisanterie résidant en la gravité de l’intonation et la pompe des lignes de phrases pour enchâsser la calembredaine, et des façons d’insérer en des pages narratives et coupées en petits intervalles, des crissements secs de formules brèves frappées en médailles, déduites en illusoires proverbes et en bouffons aphorismes. Ces caractères marquent une série d’œuvres diverses, soit, parmi tant, l’Amour suprême, la Maison du bonheur, Véra, le Phantasme de M. Redoux, la Machine à gloire, le Plus beau dîner du monde, la Couronne présidentielle, et, dans de plus amples proportions, mais dans une semblable genèse du procédé, Tribulat Bonhomet et l’Ève future.

Bonhomet, l’Ève future, Axel, sont les trois points élevés de cette série d’œuvres, de ce laborieux travail de trente ans. Bonhomet (ici ouvrons une parenthèse) ; en toute œuvre, si parfaite qu’ait cru l’ériger l’auteur, si peu vaniteux que fût, il semble, Villiers, il dut, lui, le correcteur perpétuel, croire des pages menées complètement à bien, puisqu’il les donna, et ceci dit, en faisant toute restriction, puisque la détresse en pouvait