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portraits

pourquoi les inutiles descriptions de la chair artificielle, etc. La raison qui nous en apparaîtrait la plus claire, c’est que Villiers, peu confiant en l’intelligence philosophique des lecteurs à qui il s’adressait, a cherché à créer pour eux un livre philosophique et lyrique qui fut en même temps amusant ; de là le découpage des chapitres ; de là des contrastes et des moyens de dramaturgie facile ; de là la concentration superflue de toute l’idée du livre en tout ce récit des aventures de Mme Any Anderson, aussi le portrait-charge de Miss Alicia Clary, parfois poussé trop au grotesque, émaillé de mots d’une condensation plutôt apparente. Villiers a voulu être amusant, et dépasser, sur le terrain de la littérature fantastique, les adaptateurs heureux, comme il espérait en égaler les maîtres réels ; les taches de l’Œuvre d’art métaphysique, de la légende moderne dont il avait conçu l’idée, appartiennent en propre autant au milieu ambiant, au milieu qui ne sait tolérer l’idée pure qu’enguirlandée d’anecdotes plaisantes, qu’au tempérament de l’auteur et à son penchant vers la raillerie.

II

L’esthétique particulière de Villiers de l’Isle-Adam quelle est-elle ?

« Le génie pur est essentiellement silencieux, sa révélation rayonne plutôt dans ce qu’il sous-entend que