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portraits

chaînes de plomb. Et toute cette vieille extériorité, maligne, compliquée, inflexible — qui te guette pour se nourrir de la volition vive de ton entité — te sèmera bientôt, poussière précieuse et consciente, en ses chimismes et ses contingences, avec la main décisive de la mort. La mort c’est avoir choisi. L’impersonnel c’est le devenir… Ayant conquis l’idée, libre enfin de ton être, tu redeviendras, dans l’Intemporel, esprit purifié, distincte essence en l’esprit absolu, le consort même de ce que tu appelles une déité… Saches, une fois pour toujours, qu’il n’est d’univers pour toi que la conception même qui s’en réfléchit au fond de tes pensées… Si, par impossible, tu pouvais, un moment, embrasser l’omnivision du monde, ce serait encore une illusion l’instant d’après, puisque l’univers change comme tu changes toi-même et qu’ainsi son apparaître, quel qu’il puisse être, n’est en principe que fictif, mobile, illusoire, insaisissable… Tu es ton futur créateur… Ta vérité sera ce que tu l’auras conçue. ».Axel.

Partout, dans l’œuvre de Villiers, contes ironiques, contes philosophiques, drames à longs pans allégoriques, cet hégélianisme poussé au nihilisme presque vis-à-vis du monde extérieur.

Présentée, ironiquement, en charge, en longues phrases grandiloquentes, partout la même idée ; dans un monde d’ombre et d’illusion, des passants vont, irresponsables, sans lumière, sans bâton, sans guides, emmurés dans leurs sens, la sottise humaine n’étant que l’ignorance ou le mépris par ignorance d’anciennes et immuables vérités ; les passants circulent autour de rares initiés, qui se doivent reconnaître seuls en leurs