Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/51

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quartier des écoles. M. d’Orfer, qui avait la pratique des affaires et le don communicatif du mirage, transforma avec rapidité, semble-t-il, les ambitions de M. Barbou. Quand je vis celui-ci, il ne demandait pas mieux que de fonder une revue et d’éditer tous les livres ; il assurait même, à chaque auteur, qu’il tenait à ses œuvres d’une façon toute espéciale ; et comme les plus belles choses ont le pire destin, au bout de cinq semaines M. Barbou lâchait pied et repartait à la campagne se refaire une santé. J’avais dû déjà annoncer à M. d’Orfer que je partirais, que je démissionnerais, s’il persistait à vouloir publier, à côté de la revue, un supplément oi’i son intention était de considérer avec indulgence les productions de l’abonné, ou d’amis dont il jugeait indispensable, autrement que littérairement, de publier les œuvres. Ce n’était point que toutes ces pages fussent sans intérêt, mais l’ensemble du choix ne me paraissait pas cadrer avec mes intentions de revue intransigeante.

Nous choisîmes donc cette occasion de l’effacement de M. Barbou pour nous séparer, et je fis reparaître, après trois semaines d’intervalle qui me parurent opportunes, La Vogue, mieux à mon image. Ce fut encore un petit épisode de la lutte entre les décadents et les symbolistes sur le même tremplin.

Mallarmé m’avait dit quand je lui avais conté l’apparition prochaine de la revue, et son nom : « C’est le dernier titre que je choisirais » je répondis « et moi donc, mais je pense bien le faire oublier. » nous y avons réussi.

Ce fut à ce moment que deux excellents écrivains,