Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/52

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M. Jean Moréas et M. Paul Adam, jugèrent que le moment était venu de saisir le monde par la voix des quotidiens de la nouvelle bonne nouvelle littéraire. Les tendances nouvelles se vulgarisaient, il se formait des groupes et des sous-groupes, malgré qu’il y eut des individualités suffisantes ; donc MM. Jean Moréas et Paul Adam s’en furent trouver, au Figaro, M. Marcade et obtinrent l’insertion d’un manifeste littéraire quelque peu égoïste, où ils dépeignaient le mouvement symboliste à leurs couleurs, en assumaient, de leur propre mandat, la tâche et tentaient de se constituer chefs d’école. On leur en adressa de justes reproches, et puis l’on en sourit. On se rendit compte que si M. Marcade avait voulu considérer en MM. Moréas et Adam les chefs de l’école symboliste, c’était pour cette raison seule, qu’ignorant tout à fait du symbolisme, comme de toute autre matière littéraire, il en était réduit à se fier aux lumières des personnes qui prenaient la peine de l’aller voir. Il faut dire aussi que M. Marcade était sourd comme une cave, et qu’il n’eut même de M. Paul Adam, qu’une idée purement visuelle. Seul M. Moréas, dont la voix contenait des tonnerres, put faire parvenir à l’entendement de M. Marcade quelques propos esthétiques. M. Marcade, bon vieillard, portait, il est vrai, tout près de la bouche de son interlocuteur, sa conque auditive, mais pour utiliser cet accueil amène, une voix de stentor était au moins nécessaire.

Le lendemain de la publication de ce manifeste M. Paul Adam dit à M. Jean Moréas « On va vous traiter de Daudet » et M. Moréas assura que cela lui