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leur haut patronage ; il leur parla de l’état florissant des Sociétés de la Croix-Rouge d’Europe, montra combien leur aide était nécessaire pour obtenir le concours du peuple tout entier. Les gouverneurs répondirent aussitôt qu’ils feraient tous leurs efforts pour se conformer aux désirs de Leurs Majestés. C’est de ce jour que date l’identification des organes administratifs de l’État avec la représentation locale de la Société de la Croix-Rouge. L’émulation des préfets donna les plus heureux résultats ; pendant la seule année 1888, celle qui suivit les instructions du marquis Ito, le nombre des membres fut quintuplé.

Un moyen de propagande plus ingénieux encore fut imaginé peu après : des décorations devaient être décernées aux bienfaiteurs de la Société. Une cotisation modeste donne droit à un ruban. Quelques dollars de plus permettent d’attacher à la boutonnière une rosette dont le rayon croît en raison directe du nombre des piastres versées. Pour deux cents yens, le disque de moire atteint la taille d’une pièce de cent sous. Pour cinq cents, elle approche de la soucoupe. Ceux qui vont jusqu’à mille yens obtiennent en plus l’insigne honneur d’assister aux réunions du comité, présidées par un membre de la famille impériale. Ainsi la plus modeste petite bourgeoise de province, à condition que son mari paie,