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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/96

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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


mais il voit bien aussi qu’on ne lui en prêtera pas, s’il ne promet pas formellement de s’acquittera une époque déterminée. Il est tenté de faire celle promesse, mais il est encore assez consciencieuxpourse demander s’il n’est pas défendu et contraire au devoir de se tirer d’embarras par un tel moyen. Supposons qu’il s’y décide, la maxime de son action pourrait alors s’exprimer ainsi : quand je crois avoir besoin d’argent, j’en emprunte et je promets de le rendre, tout en sachant très bien que je no le ferai jamais. Ce principe de l’amour île soi ou de la convenance personnelle peut bien pettl-èlre s’accorder avec mon bonheur futur, mais la question est de savoir si il est juste. Je convertis donc celle exigence de l’amour de soi en loi universelle el je pose la question suivante : qu’arriverait-il si ma maxime devenait une loi universelle ? je vois aussitôt qu’elle ne pourrait jamais prendre la valeur d’une loi universelle de la nature et s’accorder avec elle-même ; que, bien au contraire, elle se contredirait nécessairement. Car l’universalité d’une loi qui permettrait à tout homme se croyant dans le besoin de promettre n’importe quoi, avec l’intention de ne pas tenir sa promesse, rendrait impossibles les promesses elles-mêmes el l’objet que l’on se propose d’atteindre par leur moyen ; personne en effet ne considérerait plus une promesse comme telle et l’on rirait de ces déclarations, comme d’un vain simulacre.

3. Un troisième possède un talenl naturel qui, cultivé, pourrait faire de lui un homme utile à tous les points de vue. Mais, se trouvant dans une situation aisée, il aime mieux se livrer au plaisir que de s’efforcer d’élendrcet de perfectionner ses heureuses dispositions naturelles. Cependant il se demande si sa maxime, à savoir de négliger les facultés dont la nature l’a doué, s’accorde aussi bien avec ce que l’on nomme devoir,