la science en dehors des signes, et toujours in abstracto. Cette différence dans la manière d’arriver de part et d’autre à la certitude est considérable. En effet, les signes des mathématiques étant des moyens sensibles de connaître, on peut alors savoir avec l’assurance qu’on possède en voyant, qu’aucune notion n’a échappé à l’attention, que chaque comparaison en particulier a eu lieu suivant des règles faciles, etc. Et ce qui allège singulièrement l’attention, c’est qu’elle n’a pas à considérer les choses dans leur représentation générale, mais seulement les signes dans leur connaissance individuelle, qui est une connaissance sensible. Au contraire, les mots, comme signes de la connaissance philosophique, ne servent qu’à rappeler les notions générales qu’ils expriment. Il faut donc toujours en avoir immédiatement devant les yeux la signification. L’entendement pur doit être maintenu dans cet état de contention ; et comme le signe d’une notion abstraite n’échappe pas sans qu’on s’en aperçoive, rien de sensible ne peut en ce cas nous en révéler l’absence ; et alors des choses différentes sont regardées comme identiques, et l’on produit des connaissances erronées.
Il est donc établi que les raisons d’où l’on peut juger qu’il est impossible de s’être trompé dans une connaissance philosophique certaine, n’équivalent jamais en soi à celles qu’on possède dans la connaissance