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appris), qui ont peu d’entendement, et pour laquelle encore les académies envoient plus de têtes absurdes dans le monde qu’aucun autre état de la société.

La règle de conduite est donc celle-ci : de mûrir avant tout l’entendement, d’en favoriser le développement en l’exerçant aux jugements d’expérience et en le rendant attentif à ce que les diverses sensations comparées peuvent lui enseigner. Il ne doit pas entreprendre de passer témérairement de ces jugements ou notions à de plus élevés et de plus éloignés, mais bien d’y arriver par le chemin naturel et battu des notions inférieures, qui peu à peu le conduisent plus loin. Mais que tout soit en rapport avec cette aptitude intellectuelle qu’a dû nécessairement produire en lui l’exercice antérieur, et non avec celle que le maître perçoit ou croit percevoir en soi-même, et qu’il suppose faussement chez son auditeur. En deux mots : on ne doit pas enseigner des pensées, mais apprendre à penser ; on ne doit pas porter l’élève, mais le conduire si l’on veut qu’à l’avenir il soit en état de marcher de lui-même.

Cette méthode d’enseignement exige la nature propre de la philosophie. Et comme la philosophie n’est proprement qu’une qualité de l’âge d’homme, il n’est pas étonnant de rencontrer des difficultés quand on veut l’approprier à la capacité plus inexercée de la