Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/212

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jeunesse. L’enfant, livré aux leçons des écoles, était dans l’habitude d’apprendre. Il pense donc qu’il apprendra la philosophie ; mais c’est impossible, car il doit maintenant apprendre à philosopher. Je vais m’expliquer plus clairement. Toutes les sciences que l’on peut apprendre, dans le sens propre du mot, se réduisent à deux classes : les sciences historiques et les sciences mathématiques. Les premières comprennent, outre l’histoire proprement dite, l’histoire naturelle, les langues, le droit positif, etc., etc. Or, comme dans tout ce qui est historique une expérience personnelle ou un témoignage étranger, et, dans ce qui est mathématique, l’évidence des notions et l’infaillibilité de la démonstration, constituent quelque chose de donné en fait, et qui est par conséquent comme une provision, un bien à recueillir, il est possible d’apprendre dans les unes et dans les autres, c’est-à-dire d’imprimer dans la mémoire ou dans l’entendement ce qui peut nous être présenté comme une science déjà faite. Donc pour apprendre la philosophie, il faudrait avant tout que ce fût une science constituée. Il faudrait pouvoir présenter un livre et dire : voyez, ici est une philosophie et une connaissance positive ; apprenez à comprendre et à retenir ce livre ; édifiez là-dessus à l’avenir, et soyez ainsi philosophes. Jusqu’à ce qu’on ait montré un semblable livre de philosophie, auquel je puisse m’en rapporter,