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damentalité, quoique on n’y puisse rien trouver de semblable, la raison que la différence du bien et du mal dans les actions peut être facilement et bien connue, et le jugement sur la régularité morale porté immédiatement, sans détour, sans passer par les preuves touchant le cœur humain, à l’aide de ce qu’on appelle le sentiment. Il n’est donc pas étonnant, puisque la question est la plupart du temps décidée sans principes rationnels, ce qui n’a pas lieu en métaphysique, que l’on ne se montre pas très-difficile à laisser passer des principes qui n’ont qu’une certaine apparence de solidité. Il n’y a donc rien de plus commun que le titre de moraliste philosophe, et rien de plus rare que d’en mériter le nom.

J’exposerai, pour le moment, la Philosophie pratique générale et la Théorie de la vertu d’après Baumgarten. Les essais de Shaftesbury, d’Hutcheson et de Hume, qui, bien qu’incomplets et défectueux, ont néanmoins pénétré très-avant dans l’examen des premiers principes de toute moralité, acquerreront cette précision et ce complément qui leur manquent ; et comme je rapporte toujours historiquement et philosophiquement, dans la théorie de la vertu, ce qui se fait avant d’indiquer ce qui doit se faire, j’éclairerai ainsi la méthode suivant laquelle il faut étudier l’homme, non pas seulement l’homme défiguré par la forme variable que lui imprime sa situa-