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MONDE SENSIBLE

de former cette notion générale, comme solution d’un certain problème de la raison, au moyen de la faculté sensible de connaître, c’est-à-dire de se la représenter concrètement d’une vue distincte. La première opération s’accomplit par la notion de composition en général, en ce sens que plusieurs choses sont contenues (respectivement) sous cette notion, et par conséquent au moyen d’idées intellectuelles et universelles. La seconde opération suppose des conditions de temps, en ce que, ajoutant partie à partie successivement, la notion du composé est possible génétiquement, c’est-à-dire par voie de synthèse, et rentre sous les lois de l’intuition. Pareillement, un composé substantiel étant donné, on arrive facilement à l’idée des simples en supprimant la notion intellectuelle de composition en général ; ce qui reste, après avoir écarté toute liaison, est simple. Mais en suivant les lois de la connaissance intuitive la chose n’est possible, c’est-à-dire que toute composition ne disparaît, qu’à la condition de remonter du tout donné à toutes les parties possibles, c’est-à-dire par l’analyse[1],

  1. Les mots analyse et synthèse ont communément deux significations. La synthèse est ou qualitative, c’est la progression dans la série du subordonné en allant de la raison au raisonné, ou quantitative, c’est la progression dans la série des coordonnés, en partant de la partie donnée pour arriver par les compléments jusqu’au tout. De même l’analyse, prise dans la première de ces acceptions, est la régression du raisonné à la raison, et, dans la seconde, la régression du tout à ses parties possibles ou médiates, c’est-à-dire aux parties des par-