Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/327

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a quelque chose d'absolu, et aussi des déterminations finies. L'espace, comme la durée, a une réalité qui lui est propre, qu'on ne peut ni donner ni définir, sans crainte de malentendu, en prenant des mots tirés d'au­tres choses. C'est quelque chose de simple et qui doit être conçu. Le monde intelligible tout entier n'appar­tient pas à l'espace ; mais il a un simulacre d'espace, qui se distingue facilement de l'espace physique, et qui offre avec l'espace uneressemblance peut-être plus intime qu'une ressemblance métaphorique.

Les difficultés théologiques qui ont rendu si épi­neuse la théorie de l'espace, surtout depuis Leibniz et CUxrke, ne m'ont pas encore troublé. C'est que je laisse volontiers indécis un différend qui ne peut être clairement posé. Du reste, je n'ai pas voulu, dans mon ontologie, m'occuper des autres parties de la méta­physique. Je ne trouve donc pas à redire qu'on re­garde le temps et l'espace comme de simples figures et comme des phénomènes· Car outre qu'une appa­rence constante est pour nous une vérité, où ce qu'il y a de fondamental ne sera jamais découvert ou ne le sera que plus tard, il est utile, en ontologie, de s'occuper aussi des notions qui ont pris leur crédit dans l'apparence, parce que la théorie doit cepen-. dont finir par être appliquée aux phénomènes. Car l'astronome aussi commence par le phénomène; il en déduit la théorie de l'univers et l'applique, dans ses