Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/348

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dans le choix de ses maximes par une vue claire ou par un simple besoin et par les maximes de sa propre utilité. Il appelait la raison dans son dernier usage, la raison humaine commune, parce qu’elle a toujours et avant tout son intérêt propre devant les yeux, puisqu’il faut être déjà sorti de la voie naturelle pour l’oublier, et spéculer à loisir au point de vue objectif pour étendre simplement son savoir, qu’il y ait ou non nécessité.

Mais comme l’expression de sentence de la saine raison reste toujours équivoque dans la présente question, et que, elle peut être prise, ou comme Mendelssohn lui-même l’entend abusivement pour un jugement résultant d’une vue rationnelle, ou comme l'auteur des résultats semble la prendre, pour un jugement d’inspiration rationnelle ; il devient nécessaire de donner à cette source de jugement critique une autre dénomination, et aucune ne lui convient mieux que celle de foi rationnelle. Toute foi, même l’historique, doit sans doute être rationnelle (puisque la dernière pierre de touche de la vérité est toujours la raison) ; mais une foi rationnelle est celle qui ne se fonde sur aucunes autres données que celles qui sont contenues dans la raison pure. Toute foi est donc une croyance (Fürwahrhalten) subjectivement suffisante, mais accompagnée de la conscience de son insuffisance objective. Elle est donc opposée au savoir.