Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/349

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D’un autre côté, si par des raisons objectives, quoique insuffisantes aux yeux de la conscience, quelque chose est réputé vrai, par conséquent opiné purement et simplement, cette opinion peut cependant finir en se complétant insensiblement par des principes de même espèce, par devenir un savoir. Si au contraire les raisons de la croyance vraisemblable sont de nature à ne pas valoir objectivement, la foi ne peut par aucun usage· de la raison devenir un savoir. La foi historique, par exemple, de la mort d’un grand homme, rapportée par quelques lettres, peut devenir un savoir, si l’autorité locale en donne avis, si elle parle de ses funérailles, de son testament, etc. Quelque chose d’historique peut donc être reputé vrai sur simple témoignage, c’est-à-dire peut être cru, par exemple qu’il y a dans le monde une ville qui s’appelle Rome, de telle sorte que celui qui n’y a jamais été peut dire je sais, et non simplement je crois qu’il existe une Rome ; ces deux choses sont parfaitement conciliables. Au contraire, la foi rationnelle pure ne peut jamais être convertie en un savoir par toutes les données naturelles de la raison et de l’expérience, parce que le fondement de la vraisemblance est ici purement subjectif ; c’est le besoin nécessaire de la raison (et tant que nous serons des hommes il subsistera) de supposer seulement, non de démontrer l’existence d’un être suprême.