Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/453

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

contrer dans la raison pure.—Jusqu'ici on n'avait en­tendu parler que de trois degrés de la croyance, jus­qu'à son évanouissement dans une parfaite incertitude : la science, la foi et l'opinion[1].

  1. On se sert du terme moyen dans le sens théorique, et qui signifie aussi quelquefois, tenir quelque chose pour vraisemblable. Mais alors il faut bien remarquer qu'on ne peut dire de ce qui dépasse toutes les limites possibles de l'expérience, qu'il soit vraisemblable, ni qu'il soit invraisemblable, et que le mot foi n'est pas non plus applicable dans le sens théorique par rapport à un tel objet. — Par l'expression: telle ou telle chose est vraisemblable, on entend un état moyen (de l'as­sentiment) entre opiner et savoir. Et alors arrive ce qui a Heu pour tous les autres états moyens, c'est qu'on en peut faire ce qu'on veut. — Mais si quelqu'un dit, par exemple, qu'il est au moins vraisem­blable que l'âme survit à la mort, il ne sait pas ce qu'il veut; car on appelle vraisemblable ce qui a de son côté, pour être répulé vrai, plus de la moitié delà certitude (de la raison suffisante). Les raisons doivent donc renfermer dans leur ensemble un savoir partiel, une partie de la connaissance de l'objet dont on juge. Or, si l'objet n'est pas celui d'une connaissance à nous possible (telle est la nature de l'Ame, comme substance vivante, même en dehors de la liaison avec un corps, c'est-à-dire comme esprit), il n'y a pas de jugement à porter, ni vraisemblablement, ni invraisemblablement, sur la possibilité; car, les prétendues raisons de connaître appartiennent à une série qui n'approche pas de la raison suffisante, par conséquent pas de la con­naissance même, puisqu'ils se rapportent h quelque chose de surscn-sibte, dont, comme tel, il n'y a pas de connaissance spéculative pos­sible. Il en est de même de la foi au témoignage de quelque autre chose qni doit regarder le sursensible. La croyance d'un témoignage est tou­jours quelque chose d'empirique ; et la personne au témoignage de la­quelle je dois croire, doit être un objet d'une expérience. Mais si elle est un être sursensible, je ne puis alors être assuré de son existence, ni par conséquent qu'il existe un tel être qui m'atteste cela, par au­cune expérience (parce qu'il y a là contradiction). Je ne puis pas non plus y arriver par voie de conclusion, en partant de l'impossibilité subjective de pouvoir m'expliquer le phénomène d'une parole inté­rieure qui m'est adressée, autrement que par une influence surnatu­relle (en conséquence de ce qui a été dit du jugement par vraisem­blance). 11 n'y a donc pas de foi spéculative au sursensible. Mais dans le sens pratique (moralement pratique) une foi au sur-