Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/46

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duisît à un seul argument, comme on a généralement essayé de le faire ; si j’ai cru nécessaire de prendre quelque détour pour arriver à une entière certitude, je vais en dire la raison.

Il fallait d’abord distinguer soigneusement entre la raison de la vérité et la raison de l’existence, quoiqu’il eût pu sembler que l’universalité du principe de la raison suffisante dans le domaine du vrai, s’étende également à l’existence. Car si rien n’est vrai, c’est-à-dire si un prédicat ne convient à un sujet qu’autant qu’il y a raison déterminante, il s’ensuit que le prédicat de l’existence ne sera pas non plus une existence, sans cette raison même. Mais il est certain que, pour affirmer la vérité, il n’est pas besoin de la raison antécédemment déterminante, et qu’il suffit de l’identité entre le prédicat et le sujet. Mais dans les choses qui existent, il faut chercher la raison antécédemment déterminante ; s’il n’y en a pas, l’être existe alors d’une manière absolument nécessaire ; si l’existence est contingente, cette raison ne peut pas ne pas la précéder ; je l’ai prouvé. Ainsi, puisant la vérité à sa source même, nous l’avons, ce me semble, recueillie plus pure.

Le célèbre Crusius pense que certaines choses existantes sont suffisamment déterminées par le fait même de leur être, et qu’il est superflu de rien demander de plus. Titius agit en vertu de sa libre volition ; si je lui