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qu’elles sont contenues dans le même espace, étant un commerce mutuel, on conçoit ainsi la dépendance réciproque de leurs déterminations, et par suite l’action universelle des esprits sur les corps et des corps sur les esprits. Mais, comme une substance quelconque ne peut pas, en vertu de ses caractères internes, déterminer d’autres substances (proposition démontrée), qu’elle ne peut le faire qu’en vertu du rapport qui l’unit à ces substances dans la pensée de l’être infini, toutes les déterminations et les changements qui s’y trouvent se rapportent sans doute à l’externe, mais l’influx physique, proprement dit, est exclu, et l’universelle harmonie des choses reste. Mais cette harmonie n’est cependant pas cette harmonie préétablie de Leibniz, qui met, à proprement parler, un accord et non une dépendance mutuelle dans les substances ; car Dieu ne se sert pas de moyens artificiels appropriés, dans la série des raisons concordantes, à l’harmonie (conspirationem) des substances.

Notre harmonie n’est pas non plus cette action toujours spéciale de Dieu, c’est-à-dire du commerce entre les substances par les causes occasionnelles de Malebranche : car la même action individuelle qui fait exister les substances et les conserve, établit entre elles une dépendance réciproque et universelle. De cette manière l’action divine n’a pas besoin de les déterminer de telle et telle façon suivant les circons-