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KANT. — PÉDAGOGIE.


sulte naturellement d’une conscience sans reproche. — Recommandez-lui l’égalité d’humeur. On peut arriver par l’usage à se montrer toujours de bonne humeur en société.

On doit s’accoutumer à considérer beaucoup de choses comme des devoirs. Une action doit m’être précieuse, non parce qu’elle s’accorde avec mon penchant, mais parce que je remplis mon devoir en la faisant.

Il faut développer l’amour d’autrui et ensuite tous les sentiments cosmopolites. Il y a dans notre âme quelque chose qui fait que nous nous intéressons : 1° à notre moi ; 2° à ceux avec lesquels nous avons été élevés, et 3° même au bien du monde. Il faut rendre cet intérêt familier aux enfants, et faire qu’il échauffe leurs âmes. Ils doivent se réjouir du bien du monde, encore que ce ne soit pas l’avantage de leur patrie ou leur propre avantage.

Il faut les exercer à n’attacher qu’une médiocre valeur à la jouissance des plaisirs de la vie. On écartera ainsi la crainte puérile de la mort. Il faut montrer aux jeunes gens que la jouissance ne tient pas ce qu’elle promet. —

Il faut enfin appeler leur attention sur la nécessité de régler chaque jour leur propre compte, afin de pouvoir faire à la fin de leur vie une estimation de la valeur acquise.